Dans le cadre des Assises du Transport Aérien lancées par le Gouvernement français le 20 mars 2018, le cabinet de conseil en management, Arthur D. Little, publie son diagnostic de la performance du transport aérien français et trace plusieurs pistes pour renforcer sa compétitivité.
Parmi ses principales conclusions, Arthur D. Little estime que l’Etat pourrait réduire d’au moins 4,5 milliards d’euros sur 10 ans (450 millions euros par an) les coûts portés par les transporteurs aériens opérant en France en s’appuyant sur 5 leviers :
- Adapter la réglementation qui régit le secteur vers plus d’agilité stratégique conférée aux acteurs et davantage de stabilité afin d’apporter de la visibilité aux opérateurs et aux compagnies, sans baisser le niveau d’exigence de sûreté et de sécurité
- Imposer une régulation économique des prestataires de service (aéroports, contrôle aérien) incitative et rétributrice pour générer des réductions de coûts pour les transporteurs
- Favoriser les mutations industrielles et économiques de l’ensemble de la filière en levant les contraintes et en réduisant le coût des ressources rares (pilotes, contrôleurs aériens…)
- Prendre à son compte sur le budget général de l’Etat certaines missions régaliennes aujourd’hui financées directement et uniquement par les transporteurs et les passagers aériens
- Enfin, repenser son rôle et se repositionner en tant que « superviseur » de l’écosystème plutôt qu’opérateur / prestataire de service
Ces orientations permettraient d’aider les transporteurs à retrouver un niveau de compétitivité satisfaisant et à faire face à 5 challenges majeurs à venir dans l’industrie :
- La 3ème révolution du modèle industriel des compagnies aériennes, avec le « low-cost long courrier » et le « self-connect »
- La « médiatisation » du modèle économique des acteurs (monétisation auprès de tiers de la base clients, grâce notamment aux programmes de fidélité) et la menace des acteurs OTT (« over the top ») qui souhaitent capter et contrôler la relation client
- La transformation digitale des opérations : anticipation du pilote unique à bord, transformation des filières de la maintenance aéronautique (MRO) et des services au sol (aéroports, handling passager et cargo)
- Une « hyper-consolidation » de l’industrie, suite à « l’hyper-concurrence » actuelle, cela dans tous les maillons de la chaîne de valeur
- L’émergence d’un nouveau « terrain de jeu », l’aviation « du dernier kilomètre » avec les drones
Pour Mathieu Blondel, partner chez Arthur D. Little et spécialiste du secteur, « Il est vital de soutenir le pavillon français et d’accompagner sa transformation face aux changements de paradigmes qui vont rebattre les cartes dans l’écosystème ». La part de marché du pavillon Français a baissé d’un quart en quinze ans, passant de 58% en 2001 à 45% en 2016 ; et sa transformation a pris du retard - seule 13% de la flotte du groupe national est low cost, contre 33% en Allemagne et 24% au Royaume-Uni/Espagne. La France est connectée aux grands aéroports mondiaux avec 30% de fréquences en moins que ses grands voisins, Allemagne et Royaume-Uni. La présence de compagnies aériennes basées et centrées sur le marché français est clef pour assurer la connectivité des territoires et soutenir le développement socio-économique de ceux-ci.